ANDROMAQUE

Après la chute de Troie, Andromaque a été faite captive du fils d’Achille, Pyrrhus, faisant d’elle l’esclave mais aussi la concubine de celui-ci. De cette union forcée est né un enfant, Molosse, ce qui ne plait pas du tout à la femme légitime de Pyrrhus, Hermione, fille de Ménélas et d’Hélène. Celle-ci, soupçonne d’ailleurs Andromaque d’avoir usé de sorcellerie sur elle dans le but de la rendre stérile. Ivre de jalousie, elle se rend dans le temple où elle sait qu’Andromaque a caché son enfant. La pièce commence à ce moment-là et se développe en huis-clos, comme un face à face entre ces deux femmes, qui auraient pu avoir le même destin mais que tout oppose.

Sous la forme d’un dialogue en 5 (courts) actes entrecoupés d’intermèdes musicaux composés spécialement pour l’occasion, cette réinterprétation de la pièce Andromaque se veut celle d’un affrontement symbolique entre la blanche Hermione et la sombre Andromaque. Ici, plus que deux femmes, ce sont les opposés qui se font face. Grecque contre barbare, jeune fille contre mère, contrôle contre impulsivité, intérêt personnel contre dévotion s’affrontent sur les thèmes de la jalousie, de l’amour et de la guerre.

"J’ai repris cette idée maitresse de la confrontation de points de vue. Le personnage d’Andromaque me fascinait dans les Troyennes car elle a une vision très précise de ce qu’est la justice, de ce qui est bien, et elle ne supporte pas qu’on ne pense pas comme elle. Elle est infiniment dévouée à Troie, à son mari, elle a donné toute sa vie à l’amour, mais elle a tellement de haine en elle. J’ai voulu la faire se confronter à son opposé, Hermione, la fille d’Hélène. Hermione incarne l’individualisme, une vision du monde relativiste, mais aussi le point de vue grec sur le conflit. J’ai voulu travailler l’incompatibilité entre les deux points de vue – illustré par un visuel noir et blanc – avec l'idée que c’est en celle-ci que se trouvent les ramifications profondes de la guerre de Troie."

Margaux L’Eplattenier